À toustes celleux qui composent notre chère Sangha,

Nous vous adressons ces mots avec amitié, solidarité et encouragement en cette période d’incertitude et de chaos grandissant dans le monde. Les institutions démocratiques des États-Unis ainsi que les alliances et traités internationaux sont attaqué·es, et nous assistons à des actes cruels et inhumains envers des personnes vulnérables qui comptaient sur le soutien des autorités américaines. Certain·es d’entre nous ressentent directement les effets de ces menaces ou atteintes à nos moyens de subsistance, nos ressources et nos libertés.

Les personnes attachées à la dignité humaine et à l’interrelation avec les autres peuples et le monde naturel se sentent, dans leur ensemble, dévastées par ce bouleversement de l’ordre social à l’échelle mondiale. Ce type de destruction s’est déjà produit dans le passé, sous différentes formes et en différents lieux; il reste toujours dévastateur, à de multiples niveaux. Les peuples autochtones, les personnes noires et racisées, les personnes migrantes, les personnes trans, queers, vivant dans la pauvreté, historiquement opprimées ou ayant des besoins particuliers sont particulièrement touché·es par ce qui se passe aux États-Unis.

Lorsqu’une personne établit un lien avec Voie boréale, quelle qu’en soit la forme, elle porte souvent une aspiration : découvrir ou approfondir la paix intérieure, la bonté, la sagesse, un sentiment de plénitude ou de connexion à la vie. Ce sont souvent les épreuves — douleur, perte, confusion, oppression ou souffrance des autres — qui nous ont poussé·es à chercher comment vivre plus justement en ce monde.

À travers cette lettre, nous souhaitons nous tenir aux côtés de chacun·e d’entre vous, avec amour et soutien, dans un esprit de questionnement commun sur notre manière de vivre et de réagir à ce moment. Pouvons-nous explorer ensemble les façons de trouver un ancrage et la capacité de nous protéger, individuellement et collectivement, des effets de la déshumanisation qui nous affecte et infiltre notre conscience commune? Que pouvons-nous faire pour répondre d’une manière qui soutienne notre bien-être et celui de celleux qui ressentent la peur et l’accablement?

L’enseignement du dharma nous invite, dans la mesure de nos capacités, à être pleinement présent·es à ce moment, à ouvrir notre corps, notre cœur et notre esprit à ce qui est ressenti et connu, dans un espace de conscience ouverte et chaleureuse. Nous pouvons accueillir, avec amitié, le chagrin, la douleur, l’indignation, la peur, ou tout autre ressenti. La pleine conscience, la méditation et la présence aimante nous aident à créer l’espace et la stabilité nécessaires pour prendre soin de nos émotions, en sachant qu’elles ne représentent pas la vérité la plus profonde de l’instant. Être entouré·e de membres de la Sangha dans un espace d’attention bienveillante et sans jugement favorise cette démarche. Prendre soin de son cœur-esprit en période de chaos n’est pas un acte égoïste; au contraire, c’est essentiel pour pouvoir répondre avec sagesse et compassion à nos proches, ami·es, collègues et communautés.

Porter attention à la bonté dans nos vies est un antidote aux moments où nous nous sentons ignoré·es ou dévalorisé·es. Des recherches montrent que la création d’espaces ou de cercles d’harmonie au sein du chaos a un effet bénéfique au-delà de ces cercles, dans l’environnement élargi. Notre expérience nous enseigne que la présence sans jugement, alliée à la bienveillance, stabilise et ouvre la voie à des réponses créatives et authentiques, enracinées dans une énergie différente de celle qui alimente les dynamiques destructrices. Répondre par la haine ou le désespoir ne fait qu’alimenter la dualité et l’hostilité.

En nous ancrant dans la pleine conscience et dans un cœur orienté vers la connexion, nous laissons émerger de nouvelles visions de la communauté humaine et de l’épanouissement collectif. Ici, au Canada, soutenir nos entreprises et producteur·ices local·es et nationaux·ales peut être une manière d’agir pour le bien commun, sans nier les identités de celleux que nous soutenons par ailleurs. Il s’agit d’un geste responsable, en solidarité.

Répondre de manière constructive à cette période de bouleversements pourrait prendre la forme d’une parole ou d’une action empreinte de sagesse, du choix de conversations nourrissantes, du soin porté à notre empathie et notre compassion envers nous-mêmes et autrui, ou du renforcement de nos réseaux de soutien. En ces temps incertains qui pourraient perdurer, comment pouvons-nous avancer, même par de petits gestes qui comptent plus que nous ne l’imaginons, pour affirmer la dignité humaine, la beauté et le caractère sacré de la vie, ainsi que l’amour dans tout ce que nous faisons?

L’équanimité est une qualité du cœur et de l’esprit, une non-réactivité fondée sur la reconnaissance de la conditionnalité de toutes choses. Les événements surgissent et se dissolvent en fonction d’innombrables conditions indépendantes de notre volonté. L’équanimité se situe entre la peur et l’accablement d’un côté, et l’indifférence ou le retrait de l’attention de l’autre : elle nous permet de rester ouvert·es, présent·es et bienveillant·es. Dans cet espace d’attention, nous pouvons entendre plus clairement ce que nous avons à faire, ou à être.

Êtes-vous déjà engagé·es ou désireux·ses de vous joindre à d’autres pour répondre avec sagesse à cette période de bouleversements? N’hésitez pas à partager vos actions et réflexions sur le tableau d’affichage de Voie boréale en cliquant sur ce lien. Voie boréale ne coordonne pas les initiatives, mais offre cet espace de partage pour nourrir les liens. Voyons ce qui émerge!

Avec amour et un infini respect pour le Refuge du Bouddha, du Dharma et de la Sangha

Le Conseil d’administration de Voie boréale, les enseignant.e.s mentor.e.s et le comité organisateur.

 

 

Chère Sangha,

Au moment où nous vous écrivons cette lettre, plus de 35 000 personnes ont été tuées par l’assaut israélien contre la Palestine. Ce nombre n’inclut pas les personnes prises sous les décombres. Encore plus de personnes continuent de mourir de faim. En tant qu’organisme du Dharma, nous sommes appelé·e·s à répondre à la dévastation que vit Gaza et à joindre nos voix à la demande mondiale d’un cessez-le-feu permanent et d’une aide humanitaire pour la Palestine.

Notre tradition nous apprend que « Jamais la haine ne dissipe la haine en ce monde. Seul l’amour dissipe la haine. C’est la loi, ancienne et immuable. » (Dhammapada 3.5). Alors que nous demandons la fin du massacre, de la dépossession et de la déshumanisation du peuple palestinien, nous déplorons aussi le meurtre de plus de 1 200 Israélien·ne·s et l’enlèvement d’environ 240 personnes prises en otage le 7 octobre dernier. Nous avons témoigné en détresse de la façon dont les morts israéliennes ont été instrumentalisées pour justifier cette terrible violence. Le traumatisme ancestral juif a été détourné à des fins belliqueuses alors que des générations d’occupation et d’apartheid en Palestine ont été effacées ou minimisées.

Nous rejetons l’islamophobie et l’antisémitisme; nous portons le deuil de torts passés et présents enracinés dans le colonialisme, l’oppression, la discrimination et l’injustice. Nous souhaitons la justice, ainsi que la paix et la sécurité, pour les Arabes de toutes les confessions et les Juifs– dans le Moyen-Orient et dans le monde entier. Nous défendons le dialogue, l’écoute profonde, la compréhension et la réconciliation. Nous réclamons les droits fondamentaux et la dignité pour toustes.

Dans les derniers mois, nous avons engagé des dialogues réflexifs au sein de notre Sangha, pour celles et ceux qui cherchaient un refuge à travers la communauté. Dans notre Sangha PANDC, nous avons entendu comment le fait de témoigner du siège de Gaza a traumatisé à nouveau ceux et celles qui ont été déplacé·e·s, qui ont vécu la guerre et la colonisation. Nous avons été aussi renseigné·e·s par les membres de la Sangha juive qui ont partagé leur sentiment de détresse quant à la montée de l’antisémitisme et de la polarisation : ielles recherchent la connexion, la clarté et la sagesse face à ce traumatisme ancestral.

En tant que Sangha, nous ne faisons qu’un, et ensemble nous sommes une expression vivante d’un des Trois Précieux Joyaux. Nous sommes interconnecté·e·s et interdépendant·e·s; nous soutenons les valeurs de la sagesse et de la compassion parmi toutes nos précieuses sanghas. Nous reconnaissons que ce message pourrait être perçu comme inadéquat pour certain·e·s et même agir comme déclencheur pour d’autres. Notre intention est de parler avec vérité et compassion en encourageant la pleine conscience et l’action juste afin de soutenir l’empathie, la guérison et le respect mutuel. Continuons d’apprendre et de désapprendre en luttant vers un monde où la Palestine est libre et où tous les êtres peuvent vivre à l’abri de la peur et de l’oppression.

 

Avec amitié, compassion et solidarité,

Le conseil d'administration de Voie boréale et ses enseignant·e·s mentor·e·s

Notre engagement à démanteler l’oppression

 

Voie boréale se veut une sangha où tous les êtres humains, sans exception, peuvent s’épanouir, briller et trouver la liberté.


 

Vision

Dans ses enseignements, le Bouddha disait que le Dharma est la nature; sans appartenir à quiconque, il est à chacun. Voie boréale se veut une sangha où tous les êtres humains, sans exception, peuvent s’épanouir, briller et trouver la liberté. Aujourd’hui, nous prenons conscience de notre responsabilité de construire une communauté qui écarte tout ce qui pourrait faire obstacle à cette vision, que ce soit au sein de la direction, des équipes d'enseignant.e.s, les horaires de retraite et de cours, les communications et le processus d'inscription.

 

Voie boréale s'engage

Voie boréale s’engage à travailler au démantèlement du racisme et de l’oppression. Nous avons entrepris la construction d’une Sangha que nous souhaitons véritablement inclusive, mais nous savons que nous avons encore un long chemin à parcourir.

Voici le point sur nos engagements pris plus tôt cette année :


• Nous avons 50 % d'enseignants BIPOC pour le calendrier des retraites.
• Nous continuons à offrir une séance hebdomadaire et une retraite annuelle BIPOC.
• Notre programme de formation des enseignant.e.s est composé de 30% d'étudiants BIPOC.
• Certains de nos enseignant.e.s, membres du conseil d'administration, personnel et animateur.trice.s blancs travaillent avec le livre “Me and White Supremacy (Moi et la suprématie blanche)” en tant que collectif.
• Nous avons offert deux groupes de sensibilisation des blancs pour notre sangha avec des leaders de notre sangha, un en anglais avec Coral Short et Ryan “Twinkle” Backer, et un en français avec Pascal Auclair et K Laspruce.
• Nous cherchons constamment à mettre à jour la liste des ressources et nous intégrerons à terme des aspects plus importants de l'équité et de l'inclusion. (vous en trouverez sur notre page Ressources sur l'équité et inclusion - voir plus bas).

Nous encourageons tous ceux pour qui c’est possible de faire un don à notre fonds de bourses d’inclusion afin de rendre les enseignements et les retraites plus accessibles aux Noirs, aux Autochtones, aux personnes racisées, ainsi qu’à d’autres groupes marginalisés, et à notre Fonds de soutien aux initiatives BIPOC. Comme le professeur de Dharma Lama Rod Owens l’a déclaré : « Lorsque nous ne nous attelons pas à notre tâche, c’est la tâche des autres que nous rendons plus lourde. »

La prise de conscience des impacts du racisme et d'autres formes d'oppression systémique ainsi que des responsabilités qui viennent avec une situation de privilège soutient la pratique sila, l'action éthique sur laquelle repose le dharma.

Dans une communauté inclusive, nous avons tous besoin de la présence de voix et perspectives diverses, parce que nous sommes interdépendants et que la libération de chacun d'entre nous est liée à celle de l’ensemble.

Ressources sur l'équité et l'inclusion